TRIBUNE. Engagées pour une démocratie paritaire, depuis trois décennies au sein du réseau Elles aussi, nous lançons cet appel à l’adresse des candidates et candidats à l’élection présidentielle, nous leur demandons d’intégrer dans leur projet d’avenir pour la France certains points cruciaux venus de nos expériences de femmes. Ils concernent l’ensemble de la société.
Liberté. Respect pour les compétences des femmes, leur dignité et leur intégrité
Il faut lever les freins qui entravent les femmes dans leur « pouvoir-faire » et leurs aspirations. Ce sont en premier lieu le sexisme et la misogynie à reconnaître dans la loi au même titre que le racisme et l’antisémitisme. Le patriarcat, paradigme de toute domination, a maintenu une oppression millénaire sur le corps des femmes. En France, malgré des progrès considérables dans la citoyenneté, les violences perdurent contre les femmes, injures, coups, viols, meurtres, dans une guerre sans fin qui touche tous les milieux. C’est une longue révolution culturelle à poursuivre, dans un système androcentré, où le masculin représente l’espèce humaine.
Parité, partout, pour une démocratie aboutie
Le processus législatif initié en 2000 a levé l’exclusion faite aux femmes, leur a donné un droit de présence en politique. L’ambition des fondatrices d’Elles aussi allait au-delà : ne pas réduire la parité politique à un quota 50-50, en faire le levier d’une transformation du pouvoir vers un véritable partenariat femmes-hommes pour un bien commun. Les femmes sont encore trop souvent éloignées des instances de décision et d’exécution les plus puissantes. Cependant, des femmes élues, ou en associations, agissent localement, incarnent les promesses du mouvement paritaire. Notre société n’est plus exclusivement dirigée par des hommes.
Égalité femmes-hommes dans les politiques publiques
D’abord, l’indépendance économique, une des clés de la liberté avec la maîtrise de la fécondité, est loin d’être acquise pour chacune. Les femmes apportent à la société leur force de travail dont seule l’activité professionnelle est reconnue et comptabilisée. Elles assurent le renouvellement des générations. Mais de cet apport vital à la société, elles sont indirectement toutes pénalisées. On en connaît les raisons : assignation au sein de la famille, temps partiel, avec des conséquences désastreuses sur le revenu et la retraite, qui les exposent davantage à la pauvreté, particulièrement les mères isolées. La grande cause de l’égalité doit être fermement reprise en considérant les contributions des femmes à la société dans tous les domaines, y compris non marchands.
Solidarité. Prendre soin du vivant humain et de l’environnement naturel
La crise sanitaire nous a fait prendre conscience de la vulnérabilité humaine, et de notre interdépendance avec l’environnement dégradé sans retour, par notre activité économique prédatrice de la nature. Elle a mis en évidence les activités essentielles à l’entretien de la vie. Elle a révélé les inégalités de genre et de classe qui traversent notre société, en sortant de l’invisibilité les métiers du care, où sont les plus précaires, surtout des femmes. Il faut revaloriser ces emplois au vu de leur importance vitale, clé de voûte de notre système économique.
Le réseau Elles aussi, solidaire de toutes celles et ceux qui luttent pour la reconnaissance de leurs droits fondamentaux, et pour rendre ce monde vivable et hospitalier.
Danièle Bouchoule
Coprésidente du réseau national Elles aussi
Responsable de l’antenne Elles aussi du Loiret et du Centre-Val de Loire